Recharger sa batterie aux Îles-de-la-Madeleine

Il n’y a rien de nouveau à venir aux Îles pour y recharger ses batteries. Mais recharger sa pile de voiture électrique pendant qu’on se la coule douce aux Îles, est-ce commun? Victimes des changements climatiques, les Îles-de-la-Madeleine n’auraient-elles pas un rôle à jouer dans l’électrification des transports au Québec?  Réflexion sur le déploiement de bornes de recharge en milieu insulaire en 11 questions & réponses.

Offre_61) Existe-t-il des bornes de recharge aux Îles-de-la-Madeleine? Non, nous n’avons présentement aucune infrastructure accessible au public pour accueillir les visiteurs en véhicule électrique (VÉ)  ni pour supporter les citoyens qui opteraient pour l’achat d’un VÉ. (Mise à jour: Oui! info ici)

2) Alors que font les utilisateurs de VÉ aux Îles? Ils doivent utiliser une prise résidentielle (110V, temps de recharge de 12-16h), la leur ou celle d’un particulier après entente. Ceci peut décourager les utilisateurs de VÉ à choisir les Îles-de-la-Madeleine comme destination. Et les utilisateurs locaux potentiels, faute d’un réseau de recharge adéquat, se tourneront plutôt vers le véhicule à essence.

3) Quelle est l’autonomie de route des VÉ? Variant selon le modèle et l’année, les VÉ ont une autonomie de 100 à 500 km. Par contre, s’il fait froid, si le vent est contraire, si le relief est accidenté ou encore si la vitesse de conduite est élevée, la pile se déchargera plus vite. À noter qu’il en est de même pour les véhicules à combustion qui consomment alors davantage d’essence. L’archipel des Îles-de-la-Madeleine fait environ 90 km d’Est en Ouest. Les petites distances à parcourir pour couvrir l’Île en font un lieu de prédilection pour le développement du transport électrique.

4) Oui, mais l’électricité polluante des Îles-de-la-Madeleine (produite par centrale thermique au mazout) n’annule-t-elle pas les gains environnementaux du VÉ? Un véhicule doté d’un moteur électrique est efficace à 94 % en comparaison à 20 à 35 % pour un véhicule à combustion. Ainsi, l’énergie consommée par le véhicule à combustion est perdue de 65 à 80 %, celle-ci n’étant pas récupérée pour la propulsion même du véhicule. Cette énergie gaspillée s’échappe donc sous différentes formes, soit en chaleur, friction ou combustion incomplète des hydrocarbures. Ainsi, même si un VÉ est alimenté par une centrale au mazout (où les pertes énergétiques sont d’environ 60%), il n’en demeure pas moins que son utilisation est plus avantageuse au niveau des GES que la plupart des véhicules actuellement en circulation.

Voici une adaptation libre du graphique de Pierre Langlois («Rouler sans pétrole»)  qui illustre qu’en rechargeant une voiture électrique avec une centrale au mazout on n’émet pas plus de CO2 qu’une voiture qui consommerait 5 litres/100 km. Dans ce graphique, les émissions sont calculées de la terre aux roues pour une voiture électrique rechargée dans différentes centrales. Les lignes horizontales indiquent les émissions pour différents types de véhicule à essence.

CO2_VE_Centrales5) Et qu’adviendrait-il si la centrale au mazout était convertie? Dans le cas où la centrale actuelle serait bonifiée ou convertie, la production d’électricité émettrait moins de CO2 et le gain environnemental du VÉ augmenterait d’autant. Ex: avec le couplage éolien, la biométhanisation ou la biomasse ou encore en la convertissant au gaz naturel, les émissions de la centrale pourraient diminuer du quart. Avec un câble électrique sous-marin permettant aux Îles d’être alimentées par hydro-électricité, les émissions seraient pratiquement nulles et, conséquemment, celles du VÉ aussi.

Ce faisant, le développement du réseau électrique de transport agirait comme un incitatif sur les instances, comme le Ministère des ressources naturelles ou Hydro-Québec, pour rendre la centrale moins polluante. C’est une façon d’induire l’offre et la demande vers une réduction de notre dépendance au pétrole et vers la réduction de nos émissions de GES.

6) Mais les piles, ne sont-elles pas source de pollution? Lorsqu’elles est changée après 8 à 14 ans, la batterie peut être réutilisée à d’autres fins (ex: raccordée à un panneau solaire) ou encore ses composantes peuvent être recyclées. En vérité, le cycle de vie du VÉ est avantageux pour un milieu insulaire comme le nôtre. En effet, elle contient beaucoup moins de composantes, donc moins de pièces à changer et à faire venir, moins de transport, moins de fluides (ex: aucun changement d’huile, pas de ligne à frein, etc.) et ainsi moins de déchet à exporter et moins de contamination possible.

7) Y aurait-il d’autres avantages locaux à développer un réseau de bornes de recharge? Oui!  Il y a certainement des avantages au niveau de l’image des commerces et institutions offrant ce service. Économiquement, il peut être intéressant pour certaines entreprises ou organismes d’attirer une clientèle de cette façon. En effet, cette clientèle plutôt aisée dispose habituellement d’un plus grand budget pour les achats locaux étant donné que moins d’argent est investi au carburant. Elle dispose aussi de plus de temps sur les lieux de la recharge, ce qui la prédispose à consommer localement pendant cette période. La visite de cette clientèle éco-responsable serait profitable à notre industrie touristique et à notre communauté. Les utilisateurs de voiture électrique voyagent autrement, la notion de « tourisme électrique » commence d’ailleurs à se développer. L’expérience de recharge  est une nouvelle niche à exploiter. Cette clientèle pourrait apprécier de faire la croisière à partir de Mtl; elle éviterait la longue route fragmentée par les multiples périodes de recharge et profiterait d’un temps de qualité aux Îles où une infrastructure électrique pourrait l’accommoder. Le VÉ ne fait pas de bruit, le saviez-vous? La pollution sonore en serait donc diminuée. Aux Îles-de-la-Madeleine, nous avons beaucoup à gagner à développer une infrastructure supportant l’écotourisme.

8) N’existe-t-il pas déjà un projet de réseau public de bornes de recharge? Un programme d‘électrification des transports au Québec est en plein développement mais l’installation de bornes dans les régions éloignées ou isolées ne fait pas partie des priorités annoncées. Le Circuit électrique est le circuit officiel d’Hydro-Québec, il est établi en partenariat avec des organismes et entreprises privées (PJC, Rona, CAA, municipalités, etc.). Le Circuit électrique offre la recharge à 240 V. Leurs bornes proviennent de l’entreprise québécoise ADDénergie au coût d’environ 6000$ et nécessitent des frais de branchement annuels. L’électricité est facturée au propriétaire du VÉ au coût de 2,50$/recharge, payable par carte prépayée de 10$. Leur site web permet de trouver la borne disponible la plus proche. Les municipalités ont été interpellées par le gouvernement pour participer au développement de ce réseau de bornes, elles sont d’ailleurs obligées de commander leurs bornes auprès de ce fournisseur si elles décident d’offrir un service de recharge.

L’écoroute est une entreprise privée de borne de recharge. Elle développe un réseau transcanadien et est présentement en période de recherche pour se déployer dans l’Est du Canada (Déjà 5 bornes en Gaspésie et 40 au N.-B., 18 à l’I.P.É., 17 en N.-É. et 8 à T.-N.-L.). Elle projette actuellement d’installer des bornes aux Îles-de-la-Madeleine. Leur approche est de vendre des bornes de 40A (240V) à plus faible prix (1500$) mais sans frais d’accès annuel. Les propriétaires de ce type de borne offrent alors gratuitement l’électricité à leurs clients, ce qui permet d’attirer une nouvelle clientèle et de la fidéliser. Écoroute se charge de publiciser les lieux de recharge sur son site.

9) Quelle serait la meilleure stratégie de déploiement de bornes de recharge aux Îles-de-la-Madeleine? Nous devons identifier des solutions locales qui sont adaptées à notre réalité géographique, démographique et énergétique. À ce stade-ci, nul besoin de déployer un réseau coûteux et abondant pour une clientèle pratiquement encore inexistante, mais l’autonomie de route avec un VÉ devrait être garantie dès maintenant sur tout l’archipel pour assurer la sécurité des usagers et pour soutenir les efforts d’électrification des transports du Québec et des Maritimes. Il faudrait probablement environ 5 bornes accessibles au public pour une infrastructure fonctionnelle aux Îles. Elles devraient être d’au moins 240V pour permettre une recharge suffisamment rapide (2-4h). L’expérience de recharge devrait être positive, donc dans des lieux accessibles à l’année, avec possibilité de restauration et de divertissement (visites culturelles, plein air, commerces, etc.). C’est dans l’Est de l’archipel que l’autonomie est la plus importante à assurer étant donné la distance de 60 km à partir du centre, mais l’île centrale et l’Ouest devraient aussi être desservis. Si elles répondent à nos besoins, les opportunités actuelles (voir ci-bas) doivent être rapidement saisies. Cette démarche sera plus profitable si elle est faite en concertation avec le milieu, mais toute initiative personnelle ou privée devrait être soutenue dès maintenant. D’éventuels candidats aux élections municipales ou provinciales pourraient proposer de supporter un tel projet, c’est à souhaiter. Cependant, nous aurions tort de les attendre pour avancer. La borne de recharge électrique aux Îles-de-la-Madeleine est un projet à portée de main pour tous ceux qui désirent soutenir le virage vert. À nous de saisir cette occasion.

10) Quels sont les incitatifs financiers si je désire installer une borne ou m’acheter un VÉ? Les habitants des Îles-de-la-Madeleine, entreprises, organismes et municipalités peuvent bénéficier des mêmes incitatifs qu’ailleurs au Québec en souscrivant au Programme « Roulez électrique ». Un remboursement de 8000$ est accordé à l’achat d’un VÉ  (guide d’achat disponible ici). Le programme inclut également une aide financière pour l’achat et l’installation de bornes de recharge de 240 volts (1000$ ou 50% de rabais). Le projet « 400 VE pour le Québec » propose aux entreprises, aux municipalités, aux ministères et aux organismes de se regrouper afin de procéder à l’acquisition par appel d’offre de 400 véhicules électriques ou hybrides rechargeables à usage professionnel. La participation à ce projet rend aussi admissibles au programme « Roulez électrique ». 

11) Je suis intéressé à acquérir et/ou installer une borne de recharge aux Îles-de-la-Madeleine, que dois-je faire? Contactez-moi à marianne@aveq.ca ! De l’information supplémentaire pourra vous être acheminée (l’essentiel est ici). Des rencontres de concertation pourraient aussi s’organiser sous peu. Enfin, la visite d’un représentant de borne s’organise pour effecteur des rencontres individuelles et un achat de groupe. Vous pouvez aussi me laisser un commentaire ci-bas. À bientôt!

D’autres questions? Ou des réponses différentes des miennes? Merci de m’en faire part dans les commentaires. La discussion est lancée!

Singeons-nous mesdames

Allaiter est-il un comportement inné ou acquis? Bien que les nouvelles mères ont tout ce qu’il leur faut pour allaiter (des seins, un cerveau et un bébé ou +) il semble qu’elles bénéficient grandement de leurs pairs pour y arriver. En effet, chez les primates, l’allaitement serait un comportement acquis plutôt qu’inné.

Quand avez-vous vu pour la première fois une femme allaiter? Et pour la dernière fois? Ces expériences vous ont-elles marqué? Avez-vous appris quelque chose? Humain, nous apprenons par mimétisme, mais aussi par la parole. Une discussion avec une allaitante vous en dira d’ailleurs bien long.

La tranmission horizontale des connaissances est devenu incontournable en matière d’allaitement. Pas le choix : parmi nos mères, tantes et grands-mères, bien peu ont allaité. Où est passé le mimétisme? L’encodage? Le témoignage? Devant si peu de transmission intergénérationnelle, les mères n’ont d’autres choix que de s’entraider, question d’échapper aux classiques « tu dois manquer de lait », « tu vas te fatiguer » et « sors, je vais lui donner une bouteille ».

Fine pointe de la technologie maternelle (5) par Marianne Papillon, tiré de l’exposition Exploration mammaire et pétrolière

L’omniprésence du pétrole nous a éloigné de la connaissance de l’allaitement. C’est le pétrole qui rend accessible les pesticides, les engrais et la machinerie pour nourrir les vaches, l’extraction mécanique du lait à l’étable, le transport du lait à l’usine, sa transformation, son emballage, sa distribution, le transport du consommateur jusqu’au magasin, et même la fabrication du contenant dans lequel on donnera le lait commercial réchauffé au bébé après les avoir stérilisé.

Ainsi donc, l’industrie laitière est largement soutenue par l’industrie pétrolière. Et vice-versa. Il y a énormément d’argent à faire avec le non-allaitement… pour l’industrie. Pas étonnant que les femmes enceintes reçoivent des paquet-cadeaux de lait en poudre par la poste. Un cadeau empoisonné, oui. Car pour les familles, c’est l’allaitement qui sera payant. Moins cher, et plus de santé! Pour la population aussi l’allaitement est payant, puisqu’il réduit significativement le risque de développer une liste incalculable de maladies en plus de diminuer la production de déchets et notre empreinte écologique.

Nous gagnons tous à soutenir les femmes allaitantes. En effet, le soutien social de la femme en voie d’allaiter ou allaitante aurait un impact important sur la durée de son allaitement. Grand champion du soutien maternel : le père. Vient ensuite la grand-mère, les amies et le personnel de la santé.

Une autre personne peut faire la différence : la marraine d’allaitement. Si vous prévoyez allaiter ou allaitez déjà, vous pouvez vous faire accompagner par une marraine. Il s’agit de femmes bénévoles qui peuvent vous transmettre des connaissances fiables en matière d’allaitement et qui désirent vous soutenir dans vos décisions. Ce ne sont pas des professionnelles, il s’agit plutôt d’entraide mère à mère, sans jugement, qui se fait habituellement par téléphone. Parfois, le simple fait de briser l’isolement peut tout changer. Renseignez-vous auprès de la Ligue de La Leche pour connaître les ressources et organismes en allaitement de votre région. Si vous habitez les Îles de la Madeleine et désirez devenir marraine d’allaitement, inscrivez-vous à la formation des marraines offerte par le groupe d’entraide Allaitement Sein-Pathique le mercredi 29 février et le samedi 3er mars. Trop tard ou trop loin? Manifestez tout de même votre intérêt. Singeons-nous… d’un océan à l’autre!

Un plan B SVP

Le Canada vient d’adopter un plan, un « cadre énergétique« . Devinez quoi? On veut redorer l’image des sables bitumineux et agrandir notre marché d’exportation de cette ressource « durable » et « responsable ».

Étions-nous à la recherche d’un plan énergétique, ou financier? Parce que question planification énergétique, on pourrait voir un peu plus loin et soulever la question de la vie après le pétrole.

La bonne nouvelle, c’est que le ministre de l’environnement du Canada annonce un plan de surveillance intégré visant les sables bitumineux. Chouette! On va enfin savoir à quel point l’eau est polluée et on va même pouvoir suivre l’évolution de la contamination des vivants.

« Une surveillance de l’air accrue renforcera les mesures et permettra répondre à des questions clés sur les émissions attribuables à l’exploitation des sables bitumineux, leur quantité et les sources. Nous serons ainsi mieux renseignés sur le devenir des émissions des sables bitumineux dans l’atmosphère – le transport, la transformation et le dépôt – ainsi que sur l’interaction de ces émissions avec celles d’autres secteurs. »

Et si on regardait plutôt comment on peut diminuer notre dépendance aux hydrocarbures et comment on pourrait ralentir notre production d’énergie non-renouvelable émettrice de gaz à effet de serre?

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