Le Soutien-côte s’est déployé le 2 juillet dernier sur une falaise du Parc de Gros Cap, des centaines de femmes ayant répondu à l’appel lancé dans le cadre de l’événement-résidence en art actuel Faire avec. Ce sont près de 1600 soutiens-gorges qui ont été offerts par les femmes des Îles-de-la-Madeleine et d’autres régions du Québec ou d’ailleurs, en gage de la solidarité envers les populations côtières et insulaires dans la lutte aux changements climatiques. Le Soutien-côte fait 120 pieds de long et contient environ 1200 soutiens-gorges usagés*. Il est en place jusqu’au 28 juillet 2013. (Album photo en ligne ici, merci de partager le tout auprès des personnes et organismes ayant contribué au projet si le coeur vous en dit!)
La confection et l’accrochage du Soutien-côte ont été possibles grâce à l’aide de membres de la communauté madelinienne, et je les en remercie chaudement. Cet assemblage communautaire de brassières a donné lieu à d’intéressantes conversations et c’est avec gratitude que j’en partage ci-bas quelques perles. À votre soutien!
Le Soutien-côte de Marianne Papillon. Crédit photo: © Maude Jomphe
« Je t’en ai données, des brassières. Ma belle-mère est décédée pis on a vidé ses tiroirs. Elles étaient blanches. Il y aura un peu d’elle, sur la falaise. »
« Mon Dieu, celle-là était à moi! Hey, ça c’était de la grosse misère! Toute déchirée. »
« C’est fascinant de voir autant de variété. Elles ont toutes un design différent! »
« À mon avis, le soutien-côte, c’est la seule chose utile à quoi peut servir un soutien-gorge. »
« Ma soeur cadette a de plus gros seins que moi. Quand j’étais ado, elle me refilait ses brassières quand elles ne lui faisaient plus. C’était plutôt insultant. »
« Pourquoi quelqu’un voudrait se débarasser d’une aussi belle brassière? …Peut-être qu’elle ne lui faisait plus? »
« J’me souviens pas pourquoi j’ai recommencé à en porter… Ah oui! Je travaillais dans un resto pis j’devais porter des petites blouses blanches. »
« Des « baleines ». Pourquoi ils mettent ça? »
« J’ai eu mes règles très tôt, à 10 ans. J’étais super contente. »
« Celle-là est bien rembourrée. Pourtant… c’est tellement beau des petits seins! »
« La première affaire que je fais en rentrant chez nous, c’est de l’enlever. Après ça, je peux relaxer. »
« Moi mon problème c’est que j’ai eu mes seins d’adulte à onze ans. C’est pour ça que ma colonne est courbée aujourd’hui : j’ai cherché à cacher ma poitrine pendant des années. »
« Tiens, celle-là c’est la mienne! Je l’ai acheté au Walmart en voyage, c’était un achat de dernière minute. Elle ne m’a jamais fait. »
« Ma meilleure amie a un problème: ses seins poussent constamment. La dernière fois qu’on a magasiné ensemble, ça lui a pris 2h à se trouver un maillot. Il lui a fait pendant 2 mois. »
« Tsé les brassières qui piquent? On le sait jamais d’avance, ça. »
« Tiens, je te donne les brassières de ma tante. Elle doit changer toute sa garde-robe parce qu’elle perd du poids. Elle fait de la chimio pour un cancer. »
« J’ai eu mes règles à 16 ans et demi. À 17 ans je partais de chez mes parents. Prête pour la vie d’adulte! »
« Quand on sort des Îles, il faut en profiter pour s’acheter des brassières. On en trouve difficilement, ici. »
« Je comprends pas pourquoi faudrait se cacher pour allaiter. S’il y a une bonne raison de les sortir, c’est bien celle-là! »
« C’est beau de la dentelle comme ça. Mais il me semble que les vêtements doivent pas bien tomber là-dessus? »
« Moi je ne les ai pas brûlées mes brassières. Mais en voyant des femmes le faire, je me suis dit que, dans le fond, c’était bien vrai que j’en avais pas de besoin. »
« J’ai appelé mes amies, mes cousines, mes anciennes collègues, je leur ai dit: « Il faut que vous m’aidiez à ramasser 1000 soutiens-gorges pour Marianne. » On s’est donc organisé des dîner-brassières. »
« J’avais pas le choix de m’en acheter une : quand on se changeait dans les cours d’éduc, j’étais la seule à ne pas en avoir. »
« Ça me fascine, les brassières à pois. Il me semble que c’est le genre de motif qui attire drôlement le regard. »
« La première fois que j’ai magasiné une brassière, la vendeuse a dit à ma mère: « Ben voyons madame, elle en a pas besoin! » J’étais insultée! Hey, je le savais, moi, que j’en avais, des seins. »
« C’est une brassière d’allaitement, ça? Moi j’allaitais sans brassière. »
« J’arrive jamais à remplir les bonnets. Tu vois, celle-là, elle me ferait. Sauf que le tour de poitrine serait trop petit. »
« Ça, c’est le genre de projet que seulement une femme peut initier. Si un gars faisait ça… »
« Je porte pu ça, des brassières à bonnets rembourrés, comme ça. Mais elle, elle serait jolie… »
« J’ai pas osé te donner mes vieilles brassières parce que je me suis dit qu’en sevrant, j’allais sûrement en avoir encore besoin. »
« D’où ça vient, le mot « soutien-gorge »? Vous avez fait des recherches? »
« Tu devrais inviter les Femens pour le vernissage. »
*Les soutiens-gorges non utilisés serviront à d’autres projets artistiques et\ou seront remis à la campagne « Osez le donner » (Fondation québécoise du cancer du sein). Encore merci!