« Pas dans ma cour » revisité

Détail de la mosaïque "Sciences naturelles" de Marianne Papillon à l'exposition collective "PEUT MIEUX FAIRE - Cahiers d'exercices", septembre 2012.

La main de l’Ouest force l’enfant de l’Est à boire un liquide noir. Détail de « Sciences naturelles » de Marianne Papillon à l’expo « PEUT MIEUX FAIRE – Cahiers d’exercices« , 2012.

Depuis ce printemps, l’accord des propriétaires terriens québécois est soutiré un à un, le long du tracé d’un projet d’oléoduc. On cherche ainsi à préparer le terrain pour faire passer du pétrole sous le fleuve, sur la Rive-Nord, encore une fois sous le fleuve, dans le Bas-Saint-Laurent puis dans le Témiscouata.

Pourquoi? Pour qu’on paie moins cher à la pompe? Non, pour EXPORTER le pétrole de l’Ouest par l’Est, au Nouveau-Brunswick. 1 100 000 barils de pétrole par jour, 590 barils par minute (1 baril = 160L). Il va largement dépasser la capacité de nos raffineries, ce pipeline.

Est-ce acceptable que des négociations aient ainsi lieu en catimini avec chaque propriétaire touché (en évoquant de surcroît une possible expropriation)? N’est-ce pas la stratégie énergétique de tout le pays qui en serait affectée? Le désenclavement du pétrole issu des sables bitumineux serait dramatique dans la lutte aux changements climatiques. Sans même parler du risque de déversement (une fuite de seulement 5 minutes correspondrait à 3000 barils dans la nature!) on ne peut limiter l’étude de l’impact de ce projet aux propriétaires concernés.

La Colombie-Britannique, elle, a dit non au pipeline. Ne recevoir à peu près aucun bénéfice économique mais assumer tous les risques environnementaux et de sécurité civile? Non merci, on les comprend. Pourquoi ce serait différent au Québec?

Barack Obama a quant à lui répété à plusieurs reprises qu’il fallait rejeter Keystone XL s’il était prouvé que sa construction augmenterait de manière importante les émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Et au Québec? Eh bien Mme Marois se dit bien ouverte à la chose, oui oui. Pourrons-nous être consultés même si le tracé du pipeline ne passe pas chez nous? Pas sûr. C’est le syndrome « pas dans ma cour » revisité: ça ne passe pas dans votre cour, ce tuyau-là? Alors désolé, mais cela ne vous concerne pas.

Il est plus que temps que le débat s’ouvre et que tous les Québécois aient le droit de parole sur ce projet. À l’automne 2013, une consultation publique sur le dossier de l’énergie aura lieu (info et inscription ici). Ce sera l’occasion de poser nos questions sur les enjeux de fonds, de parler de nos préoccupations concernant les projets énergétiques que sont les pipelines, le transport ferroviaire, les forages, la fracturation, l’exploration extra-côtière, l’économie d’énergie, le virage vers les énergies vertes et la réduction des gaz à effet de serre.

Pour ma part, je leur demanderai pourquoi on nous parle encore de forer le golfe du Saint-Laurent et de fracturer Anticosti si on compte de toute façon EXPORTER le pétrole de l’Ouest en passant par l’Est?? C’est qu’elle grande, très grande, notre cour!

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